Juristes : quelles formations pour le digital ?

Au "Village des Legal Tech", le salon qui regroupe depuis 2016 les acteurs du secteur en région parisienne, les étudiants sont nombreux à circuler entre les stands, à la fois avides et perplexes. Très curieux d'en savoir plus sur ce secteur en plein boom dont on leur dit que plus aucun juriste ne peut faire l'économie... mais très perdus sur la manière d'y prendre part. Et les questions affluent : quelles formations existent ? Laquelle suivre? Programme court ou cursus long ? Et pour faire quoi, au juste ?

Décalages

On les comprend. Lent à démarrer en France, le train du digital, qui transforme les pratiques et crée de nouveaux métiers, est à pleine vitesse. Mais les jeunes juristes ne sont pas toujours bien préparés : "On nous apprend les outils papier. Et puis soudain, en master, on nous demande d'utiliser des outils numériques. Alors nous sommes perdus ! ", râle un M2 attiré par la création d'entreprise.
Ce n'est pas le seul décalage. Les formations elles-mêmes ont longtemps manqué ou mis du temps à s'adapter à l'ébullition du secteur. "La plupart des juristes qui ont développé une compétence en données personnelles, par exemple, l'ont acquise dans le cadre d'un poste. C'est un secteur encore assez nouveau", pointe Christian Lamy, du cabinet de recrutement Jurispartner.

Une offre qui s’étoffe

Les opportunités techniques ont également engendré des peurs, freinant le besoin de familiariser les juniors au nouvel environnement numérique. Mais depuis que, du ministère de la Justice aux notaires en passant par les avocats, le digital est dans toutes les bouches, l'offre s'est développée et ne cesse de croître. Raison de plus pour suivre les nouvelles initiatives, à l'université ou ailleurs, en gardant un oeil critique car, effet de mode oblige, toutes ne se valent pas. 
Alors, formation initiale ou cursus complémentaire ? A l'université ou hors les murs ? Voici quelques pistes, non exhaustives.

Le point de vue de Stéphane Baller, associé, EY Société d'Avocats 

« Face au développement des Legal techs, les jeunes juristes doivent se familiariser avec le nouvel environnement numérique et se préparer pour les opportunités qu’il engendre. Il ne suffit pas d’être technophile. Dans ce contexte, selon moi, la première chose à enseigner aux juristes, c'est la gestion de projet. Pour faire du legal design, par exemple, il faut un professionnel du droit qui sait orienter des graphistes, monter des réunions de brainstorming et piloter des projets en équipe. On doit également les intéresser à tout l’écosystème de l’innovation. »